Par Kévin CARIOU
En France, l’eau du robinet fait partie des produits alimentaires les plus contrôlés. Et il y a de quoi ! Elle fait partie de nos besoins vitaux, et nous devons en consommer entre 1,5 et 3 litres par jour pour rester hydratés (Le Figaro, 2018). Aussi, par le fait que le monde moderne s’est installé dans des maisons et foyers, la consommation en eau n’a cessé d’augmenter durant les dernières décennies. Bien que cette valeur varie fortement d’un ménage à l’autre (notamment par les facteurs de revenu, l’âge, le mode de vie et la géographie), on estime qu’un foyer français de 2,5 personnes en moyenne consomme 329 litres d’eau par jour, soit une consommation annuelle de 120m3 (Insee, 2014 et figure 1).

Une eau potable est une eau propre à la consommation humaine et qui ne présente aucun risque pour la santé. Le danger principal de l’eau non potable (figure 2) est celui du risque de maladies hydriques causées par la consommation d’eau contaminée par des excréments d’animaux ou d’humains, qui contiennent des microorganismes pathogènes. Le choléra, la typhoïde et la poliomyélite font partie des maladies graves et mortelles, transmissibles par l’eau (ministère des solidarités et de la santé, 2021).
À ces maladies, existantes depuis toujours, il faut aujourd’hui ajouter d’autres risques causés par l’agriculture et l’industrie. L’agriculture conventionnelle produit des pesticides, qui sont des poisons répandus pour éliminer les « nuisibles ». Les nitrates produits sont moins nocifs pour la santé, mais il est possible que leur consommation soit source de nombreux cancers (Observatoire régional de la santé Rhône-Alpes, 2007). Les activités industrielles rejettent également énormément de polluants dans l’eau et ce sont les industries chimiques et métallurgiques qui sont les plus responsables. Également, certaines stations de traitement des eaux usées collectent des eaux polluées par des résidus chimiques dont elles ne sont pas équipées pour les traiter (ex : solvants chlorés, liquide de frein, etc). Ces polluants non traités se retrouvent directement dans la nature et donc dans l’eau qu’on peut être amené à consommer.
On retrouve également certains polluants nocifs pour l’homme dans les canalisations : le plomb qui est à l’origine du saturnisme par son ingestion, le nickel qui est toxique pour les reins, ou le chlorure de vinyle qui est classé cancérigène pour l’homme (Que choisir, 2017).

C’est dans un objectif de sensibilisation aux dangers que peut représenter l’eau qu’une « Carte interactive de la qualité de l’eau » a été proposée sur le site du magazine « Que choisir?« . Elle se base sur des données issues de prélèvements effectués entre 2014 et 2016 sur les communes de France, et qui étudient 50 contaminants et paramètres physicochimiques (pesticides, nitrates, plomb, nickel, cuivre, arsenic, solvants chlorés…). Il s’agit d’un fond de carte Leaflet permettant à l’utilisateur de se déplacer dans la carte, zoomer, et voir la position des différents relevés. En entrant le code postal d’une commune ainsi qu’un rayon en km, il voit apparaitre sur la carte les pollutions présentes à proximité ainsi que la qualité globale de l’eau (figure 3).

La bibliographie proposée ci-dessous nous apporte de nombreuses autres informations. On y retrouve la méthodologie de l’étude, un historique des différentes pollutions et leur provenance, ainsi que quelques conseils à appliquer au quotidien pour les consommateurs. Ainsi, on apprend qu’il existe 3 critères faciles à mettre en place pour identifier directement la non-potabilité de l’eau (évidemment, à compléter par d’autres analyses) :
- La turbidité de l’eau : causée par la présence de particules en suspension dans l’eau qui peuvent être d’origine organique (bactérie) ou inorganique (contaminant chimique). Il existe une corrélation directe entre le niveau de transparence de l’eau et son degré de contamination potentiel.
- L’odeur : elle doit être acceptable, et ne rien présenter d’anormal. Si l’eau a une odeur, c’est qu’il y a probablement un contaminant.
- La saveur : le gout de l’eau peut déterminer la présence de contaminants. Si le gout est suspect, cela suffit à mettre en doute la potabilité de l’eau.
Cette carte permet d’introduire les enjeux de la potabilité de l’eau. Bien qu’aujourd’hui elle coule directement de nos robinets, il existe des endroits en France et des périodes dans l’année où il faut faire particulièrement attention à sa potabilité, et il est très intéressant pour tout citoyen d’avoir à disposition cette information.
Un retour critique à faire concerne le menu de sélection qui devient très difficile à voir lorsqu’on passe la carte en plein écran.
Bibliographie
Que choisir, 2017. Carte interactive de la qualité de l’eau.
République française, 2007. Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles.
Ma ferme autonome, 2018. Comment tester la potabilité de votre eau.
Le figaro, 2018. Hydratation : le mythe du 1,5 litre d’eau par jour.
Insee, 2014. Consommation par habitant: la France au-dessus de la moyenne européenne.
Observatoire régional de la santé Rhône-Alpes, 2007. Les nitrates.
Modérateurs : Clarisse AUBERT et Serigne FAYE
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