Par Amel Oucherif
Electionland est un projet de journalisme américain couvrant l’accès au vote, la cyber-sécurité et l’intégrité des élections mi-mandat aux Etats-Unis. Il a pour objectif de documenter en temps réel, à l’échelle nationale, les entraves susceptibles d’empêcher des personnes d’exercer leur droit de vote. Il s’agit de l’importance du temps d’attente aux bureaux de vote, des bulletins de vote provisoire (attribués à des électeurs n’étant pas inscrits sur les listes électorales pour qu’ils puissent, malgré cela, voter [1]), du statut d’électeur inactif ( si par exemple une pièce relative au vote ne peut être envoyée en ligne suite à une adresse erronée), du harcèlement, de problèmes techniques relatifs aux machines à voter (vote électronique) ou encore de perturbations potentielles engendrées par le piratage.
Ce projet a commencé à prendre forme grâce à Scott Klein (ProPublica) et Simon Rogers (Google News Lab). En 2016, la plateforme est prête pour les élections présidentielles, à la faveur de la collaboration entre 6 partenaires : ProPublica, Google News Lab, FirstDraft, Univision, la radio publique de New York WNYC, et le CUNY Graduate School of Journalism. Plusieurs autres rédactions y ont également contribué.
Source : http://electionlandtrends.appspot.com/
Les données utilisées pour alimenter cette plateforme sont issues des différentes recherches effectuées par les citoyens américains, le jour du vote, sur le moteur de recherche Google Trends, en temps réel, ainsi que des centres d’appel contactés par les électeurs pour signaler un problème ou encore des réseaux sociaux, ou des messages reçus des électeurs par SMS ou WhatsApp dans le cadre d’un protocole d’échange mis en place par l’équipe du projet [2].
Si un problème lié au déroulement du vote suscite un intérêt dans des proportions supérieures à la moyenne nationale, alors il est matérialisé sur la carte par un cercle. Par conséquent, un rayon de cercle important est révélateur de la dominance de l’intérêt pour le problème en question (il ne s’agit pas de problème avéré mais d’intérêt pour ce problème). La taille des cercles fluctue de l’ouverture des bureaux de vote jusqu’à leur fermeture.
Le calcul des occurrences se fait par pas de 15 minutes durant la journée, et un cercle clignote dès qu’il y a une augmentation récente. Les pics soudains sont pris en compte et apparaissent sous forme textuelle dans une bande colorée au bas de l’interface.
L’évolution temporelle d’un problème peut être visualisée sous forme de points et d’histogramme dynamiques sur l’ensemble du pays, ou à l’échelle d’un Etat.
Ainsi, cette plateforme met en exergue les possibilités qu’offre la dataviz aujourd’hui, permettant de favoriser le data-journalisme (pour cet exemple) en procurant une dimension animée aux données statistiques, qui deviennent, en l’espèce, plus parlantes et accessibles d’une manière plus agréable au grand public.
Par ailleurs, l’initiative Electionland prend tout son sens dans un contexte d’élections mi-mandat, constituant un sujet d’actualité et de préoccupation principale pour les électeurs américains.
Sources :
[1]. Les bulletins provisoires, L’Obs magazine, 2014 (https://www.nouvelobs.com/monde/20041103.OBS0647/les-bulletins-provisoires.html)
[2]. Electionland Case Study 2016 (https://propublica.s3.amazonaws.com/assets/docs/electionland-case-study.pdf)
Modérateurs : Florent Chevalier et Julien Point