Par Léopold ROBITAILLE
Depuis la dernière décennie du XXème siècle, les questions de la pollution et du réchauffement climatique sont au cœur des politiques Européennes. La multiplication de négociations internationales pour le climat montre bien cette nouvelle préoccupation. La pollution a un impact direct sur l’environnement mais également sur notre santé. En effet chaque jour l’Homme respire environ 1 500 litres d’air, il est donc important de se soucier de l’air que nous respirons. Les effets de la qualité de l’air sur la santé sont conséquents, on dénombre chaque année 40 000 personnes décédées prématurément. Ainsi l’Association Nationale pour l’Amélioration de la Qualité de l’Air, classe les effets de la qualité de l’air en quatre catégories : cardio-vasculaire, respiratoire, neurologique et système hormonal (figure 1).

Dans ce contexte l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) publie une carte interactive afin d’observer la qualité de l’air heure par heure pour chaque station européenne. Cette carte tirée du site de l’AEE recense l’indice européen de la qualité de l’air, heure par heure, pour plus de deux milles stations européennes. Cet indice se base sur cinq polluants nocifs pour la santé et l’environnement : les particules en suspensions (PM2.5 et PM10), l’ozone (O3), le dioxyde de souffre (SO2) et le dioxyde d’azote (NO2). Cet indice a reçu les éloges de Karmenu Vella, commissaire européen chargé de l’environnement, des affaires maritimes et de la pêche « La pollution atmosphérique est un tueur invisible. L’indice de la qualité de l’air est donc nécessaire afin d’informer les citoyens européens de la qualité de l’air qu’ils respirent dans leur quartier. Nous travaillons avec des villes, des régions, des pays et le secteur industriel afin de nous attaquer aux sources de cette pollution, un cocktail qui provient des usines, des habitations et de l’agriculture, et pas uniquement des transports. Nous devons tous travailler ensemble à améliorer la qualité de l’air ».
Cette qualité de l’air est ensuite représentée sous forme d’entités ponctuelles classées par couleur en fonction du niveau de pollution allant du turquoise pour les stations où l’indice européen de la qualité de l’air est de bonne qualité, au violet pour un niveau très mauvais de qualité de l’air (figure 2).

La cartographie en plus d’une légende et d’un bouton de zoom, propose également, une barre de recherche pour accéder à une ville souhaitée. En plus de ce bouton de recherche, des éléments interactifs sont présents, offrant la possibilité de choisir un pays ou un type de station, mais surtout de choisir l’heure ; on peut ainsi remonter jusqu’à 47 heures en arrière mais aussi regarder les prévisions pour le jour suivant. Il est également possible d’animer ces données afin d’observer les variations de qualité d’air mesurée par une station au fil du temps. En regardant pour le week-end du 14 et 15 novembre 2020, la pollution mesurée à Lyon, on remarque un pic de pollution le vendredi à 18h avec notamment une mauvaise qualité de l’air mesuré aux stations de Gerland et A7 sud Lyonnais. En cliquant sur une station on obtient une fenêtre pop-up qui indique les causes influençant la qualité de l’air : on peut également obtenir davantage d’information sur cette station en cliquant sur « Show details ». Nous obtenons ainsi différentes informations, comme le niveau de qualité de l’air sur un an, représentées sous la forme d’un diagramme circulaire. Ainsi sur les 365 derniers jours mesurés par la station de Lyon Périphérique, 67 ont été mesurés avec une mauvaise qualité de l’air soit 19% des 365 derniers jours (figure 3). On peut également avoir un détail de la qualité de l’air mesurée sur les sept derniers jours, globalement ou par polluant (PM2.5, PM10, NO2). Par exemple toujours pour la station du périphérique Lyonnais, on peut ainsi voir qu’il y a un pic de pollution aux heures de pointes entre 8h et 9h, et entre 17h et 18h. Il n’est malheureusement pas possible depuis la carte de comparer ces données avec des données plus anciennes, antérieures au confinement, ce qui aurait également permis d’observer un possible impact sur l’indice de qualité de l’air du confinement.

Les utilisateurs de cette carte interactive peuvent mieux comprendre l’environnement dans lequel ils vivent et prendre ainsi conscience des problèmes de pollution mais également observer les forts changements au cours d’une journée.
A travers cette carte on observe également d’immenses disparités de la qualité de l’air entre les pays d’Europe de l’Ouest et ceux de l’Est. En effet, nous pouvons remarquer que les pays d’Europe de l’Est sont bien plus pollués, notamment des pays comme la Pologne ou la Macédoine où la qualité de l’air recensée dans plusieurs stations peut être très mauvaise voire extrêmement mauvaise (figure 4).

Derrière cette carte on remarque qu’il est important pour agir correctement contre le réchauffement climatique, de faire prendre conscience aux individus que la pollution a un fort impact environnemental, mais aussi sur leur santé. C’est justement ce que l’on peut observer à travers cette carte : en regardant l’évolution de la qualité de l’air au cours d’une journée on peut voir l’impact des modes de transport sur la mobilité et notamment de l’automobile. Une prise de conscience collective peut s’opérer en choisissant d’agir à sa manière pour garantir une meilleure qualité de l’air et en évitant au maximum d’utiliser un véhicule individuel.
Sources :
Agence Européenne de l’Environnement : https://www.eea.europa.eu/
Respire – Association Nationale pour l’Amélioration de la Qualité de l’Air : https://www.respire-asso.org/
Modérateurs : Idrissa DJEPA et Victor DOMEJEAN
Article très instructif. Juste un commentaire sur le constat que l’Est Européen est bien plus pollué que l’Ouest : il ne faut pas oublier que l’industrie se concentrait au débart autour des régions minières et des grands centres urbains. La zone charbonnière faisait un croissant depuis le Nord français, la région Sambre et Meuse en Belgique (avec une excroissance dans le Limbourg belge et le sud Hollandais) puis toute l’Allemagne et enfin Tchéquie et Pologne. (Il faudrait y adjoindre l’Angleterre « berceau » de l’Industrie). De là, un couloir industriel se développait aussi entre France et Allemagne vers le Nord de l’Italie. Les grandes marques automobiles sont nées dans ces régions. Et la lutte contre la pollution à l’Ouest date des années 50 (après la catastrophe de la vallée de la Meuse puis le Smog de Londres). Jadis on ne faisait que hausser les cheminées selon la dispersion voulue des fumées. Puis on créa les « filtres électriques ». Le « lavage » des fumées et les « pots catalytiques » sont venus dans les années ’90.Nous n’avons que 30 ans d’avance sur l’Est. Voilà ce que je voulais souligner. Et la délocalisation de l’industrie vers l’Est est aussi une explication. Autre élément : il y a encore de vastes zones naturelles intouchées et autres forêts primaires à l’Est : notre industrialisation occidentale a détruit chez nous une grande part de la nature à l’Ouest.
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