Par Rayan MAJERI
One Piece est une œuvre littéraire japonaise créée par le mangaka Eichiro Oda et publiée depuis 1997. Le manga connait toujours une publication hebdomadaire et continue de surprendre le monde entier par le nombre record de vente et surtout, par l’engouement des fans. L’œuvre se déroule dans un monde dominé par les océans et les mers où la piraterie règne. Au travers de l’œuvre le lecteur suit les aventures d’un jeune pirate de 17 ans au chapeau de paille, Luffy, qui a pour but de devenir le roi des pirates, en trouvant le légendaire trésor « One Piece ». Il navigue aux côtés de son équipage dans un monde relativement hostile aux propriétés particulières.
Le monde selon One Piece
Il existe une multitude de représentation du monde dans One Piece mais toutes visent à le représenter sous la forme suivante :
Le monde est découpé en 4 océans (East Blue, West Blue, North Blue et South blue) et traversé par un unique continent nommé Red Line. L’élément le plus intéressant à travailler est la plus grande mer du monde, Grand Line, qui fait le tour de la Terre longitudinalement.
Une carte de One Piece n’est donc pas difficilement traçable dès lors qu’on ne s’intéresse pas à la multitude d’iles qui se trouvent dans le monde. Celles-ci représentent l’activité principale du manga et sont d’autant plus intéressantes à cartographier. La carte en tête de cet article présente les différentes iles de Grand Line où l’équipage au chapeau de paille a pu se rendre tout au long de leurs aventures.
Méthodes de cartographie
Rappelons que nous nous trouvons dans une époque de piraterie, où les technologies sont limitées à celles que l’on pouvait trouver à l’époque des grandes découvertes. Le compas et la boussole sont majoritairement utilisés pour dresser des cartes des iles.

Nami (figure 1) est un personnage intéressant à observer car c’est la navigatrice et la cartographe de l’équipage au chapeau de paille. Cette dernière a pour but de créer une carte du monde la plus détaillée et fidèle possible. Elle possède un don pour la conception de cartes car elle peut tracer les contours d’une ile de mémoire, à l’échelle en ayant visité cette dernière une fois seulement. Bien que présente dans une œuvre fictive, cette particularité est pourtant connue dans le monde réel. Nous pouvons mentionner l’expérience faite par Stephen Wiltshire, un artiste doté d’une mémoire eidétique. Ce dernier a survolé New York pendant 20 minutes en hélicoptère pour ensuite redessiner l’intégralité de la ville, chaque bâtiment et à l’échelle sur une fresque immense (figure 2).

Il n’est pourtant pas attesté dans l’œuvre que Nami soit atteinte d’autisme et encore moins du syndrome du savant. La précision de ces cartes n’est pas détaillée mais celles-ci sont la plupart du temps réalisées à l’échelle de l’archipel des iles cartographiées.

La carte (figure3), réalisée par Nami, est extraite du générique de début de la série animée. Nous pouvons voir qu’il manque plusieurs éléments principaux comme l’échelle et la légende. En revanche, force est de constater qu’un maillage a été mis en place pour faciliter la navigation. Nous savons donc qu’il existe un référentiel local (similaire aux latitude et longitude de notre monde) imaginé par Nami. Les couleurs de ce qui semble être une carte de l’altimétrie des iles est aussi critiquable car le dégradé de couleurs devrait s’intensifier (du plus clair au plus sombre) alors que nous pouvons voir que le dégradé de couleur redevient clair après la couleur la plus foncée. Voici un exemple (figure 4) de ce à quoi aurait dû ressembler les couleurs de l’altimétrie :

L’importance de la cartographie pour naviguer sur Grand Line
Comme nous l’avons précisé plus tôt Grand Line est la plus grande mer du monde et le centre d’attraction principal du manga. La navigation y est particulièrement difficile du fait de conditions climatiques et magnétiquse inédites. L’utilisation d’une boussole classique ne peut se faire car les champs magnétiques régit sur Grand Line ne respectent pas ceux du reste du monde, aussi l’utilisation d’un outil de navigation nommé Log Pose (figure 5) est nécessaire.

Chaque ile émet son propre champ magnétique qui est capté par le Log Pose et indiqué par l’aiguille en rouge. Dès lors qu’on arrive sur l’ile en question, il faut attendre un certain temps pour que ce dernier indique et mémorise le champ magnétique de l’ile et indique celui de l’ile suivante. C’est pour cette raison qu’il est très difficile de dresser une carte du monde précise. Mais cela répond aussi à la problématique de l’importance de créer cette carte pour faciliter la navigation.
Grand Line est coupée en 2 parties par le continent Red Line. La seconde moitié est tellement peu explorée qu’elle est appelée Nouveau Monde, comme le fut le nouveau continent lors du siècle des Grandes découvertes.
La navigation est d’autant plus complexe sur cette partie du monde. Le principe est le même que sur la première partie de Grand Line, mais ici, les iles peuvent changer de champs magnétiques à tout moment. C’est pourquoi l’utilisation d’un Log Pose amélioré (figure 6) est nécessaire.

La conséquence de cette absence de champs magnétique commun dans ce monde tel que le Nord est qu’il est impossible d’avoir un référentiel commun pour naviguer. Sans ces outils, la carte seule serait inutile de ce fait.
Vision 3D du monde de One Piece
La communauté One Piece est très engagée et impliquée, dans le secteur de la cartographie. Nous portons ici un intérêt particulier aux visualisations 3D du monde créé par Eiichiro Oda.
Le premier globe 3D présenté ici (figure7) a été réalisé sur Marmoset Toolbag par asern_afri (artiste débutant sur le logiciel en question). Ce globe permet surtout de conceptualiser le monde de One Piece, indiquant au passage certains lieux phares par des images, placées pour quelques-unes d’entre elles sur la localisation qui leur correspond sur le globe (MARIEJOA – FISHMEN ISLAND et RAFTEL), pour d’autres elles viennent simplement illustrer des phénomènes se produisant sur Grand Line.

La deuxième visualisation est en réalité une projection cylindrique d’une carte 2D basique.

La deuxième visualisation est en réalité une projection cylindrique d’une carte 2D basique.
Choix cartographiques
L’ensemble de ses visions cartographiques viennent apporter des éléments de compréhension différents au monde très dense qu’est One Piece. En effet, Eiichiro Oda n’a jamais donné de réelle vision précise de ce monde au travers de son œuvre. Est donc né un besoin de comprendre le monde dans lequel évolue l’équipage des mugiwara[1]. Il est donc évident que ces cartes sont conceptuelles car nous n’avons aucune information de la taille exacte des iles, ou de la distance les séparant.
En novembre De dernier nous avons pu assister à la sortie de l’épisode 1000 de One Piece qui a fait vibrer la France. Dans ce contexte j’ai donc choisi de présenter ce chef-d’œuvre sous un aspect plus géomatique et géographique dans l’ensemble, puisque l’œuvre reprend énormément de concepts du monde réel comme nous avons pu le voir.
NDLR : La représentaion 3D du monde One Piece avait déjà fait l’objet d’un billet « la carte de la semaine » en janvier 2019…
[1] Équipage au chapeau de paille
Modérateurs : Larry KIENER et Damien LÉOTY
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